INTRODUCTION
Toute personne a le droit d'être informée sur son état de santé (Cf. Article L. 1111-2 du code de la santé publique).
Cette information porte notamment sur les différentes investigations, traitements ou actions de prévention qui sont proposés, leur utilité, leur urgence éventuelle, leurs conséquences, les risques fréquents ou graves normalement prévisibles qu'ils comportent ainsi que sur les autres solutions possibles et sur les conséquences prévisibles en cas de refus.
Cette information est nécessaire car elle permet au patient de consentir librement et de manière éclairée à un acte de soins.
En cas de violation de cette obligation d’information, le Praticien pourra être sanctionné et le patient indemnisé.
CREANCIER ET DEBITEUR DE L’INFORMATION
1 - Le débiteur de l’information
L’obligation d’information est mise à la charge de tout professionnel de santé, dans le cadre de ses compétences et dans le respect des règles de santé qui lui sont applicables.
Cette obligation pèse donc tant sur le prescripteur de l’acte que sur celui qui pratique l’acte.
2 - Le créancier de l’information
a- Le patient en état d’exprimer sa volonté
Le Praticien doit informer directement son patient lorsqu’il est en état d’exprimer sa volonté.
b- Le patient hors d’état d’exprimer sa volonté
L’article L. 1111-4 du code de la santé publique dispose qu’« aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance ou la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été consulté ».
Lorsque le Patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, le Praticien doit informer prioritairement la personne de confiance, puis la famille et à défaut les proches.
L’avis de la personne de confiance est prioritaire et supérieur à celui de la famille ou des proches.
Cet avis doit systématiquement être recherché par le Praticien qui conserve toutefois sa liberté de décision.
Définition et rôle de la personne de confiance :
La personne de confiance, qui peut être un parent, un proche ou le médecin-traitant, doit être majeure.
Elle sera consultée au cas où le patient qui l’a désignée serait hors d'état d'exprimer sa volonté et de recevoir l'information nécessaire à cette fin.
Cette désignation est faite par écrit. Elle est révocable à tout moment.
Si le malade le souhaite, la personne de confiance peut l'accompagner dans ses démarches et l’assister aux entretiens médicaux afin de l'aider dans ses décisions.
Lors de toute hospitalisation dans un établissement de santé, il est proposé au malade de désigner une personne de confiance. Cette désignation est valable pour la durée de l'hospitalisation.
En dehors de toute hospitalisation, il est également possible d’inscrire, dans son dossier médical, le nom de la personne de confiance à contacter, le cas échéant.
c- Le patient en fin de vie, hors d’état d’exprimer sa volonté
Le Praticien doit systématiquement consulter le dossier médical de son patient, lorsqu’il est en fin de vie afin de prendre connaissance des éventuelles directives anticipées qu’il a pu rédiger.
Les personnes en fin de vie sont des personnes atteintes d’une affection grave et incurable, en phase avancée ou terminale.
Ces directives ont pour but de permettre au Praticien de connaître les souhaits du patient concernant la possibilité de limiter ou d’arrêter les traitements en cours.
Ces directives n’ont pas de valeur contraignante pour le médecin. Il peut y déroger s’il l’estime nécessaire au regard de la situation concrète et/ou de l’évolution des connaissances médicales.
Ces directives ne sont valables que si elles remplissent les critères suivants :
- Le patient doit être une personne majeure ;
- Les directives doivent être écrites par le patient lui-même, ou à défaut, en présence de deux témoins dont la personne de confiance ;
- Le patient doit nécessairement être en état d’exprimer sa volonté au moment de la rédaction de l’acte ;
- Elles doivent mentionner les nom, prénom, date et lieu de naissance et être datées et signées ;
- Ces directives doivent être rédigées depuis moins de 3 ans avant la date à partir de laquelle le patient n’est plus en état d’exprimer sa volonté. Elles doivent donc être renouvelées et/ou modifiées tous les 3 ans. Elles sont également révocables à tout moment.
LE CHAMP DE L’INFORMATION
L’information doit porter sur :
- l’état de santé,
- les investigations, traitements ou actions de prévention proposés,
- leur utilité, leur étendue, leur urgence éventuelle et leurs conséquences,
- les risques fréquents ou graves normalement prévisibles,
- les alternatives thérapeutiques,
- les conséquences prévisibles en cas de refus de soins,
- le coût de l’acte médical et ses conditions de remboursements par la sécurité sociale.
L’information sur les risques avant 2002 :
L’information devait porter sur les risques seulement prévisibles.
Si un risque exceptionnel se réalisait, alors le Praticien n’engageait pas sa responsabilité, s’il avait omis d’en informer son patient.
L’information sur les risques depuis 2002 :
Le Praticien doit informer son patient des risques fréquents ou graves normalement prévisibles.
Les risques fréquents peuvent ne pas être graves.
Les risques graves peuvent ne pas être fréquents. Ils peuvent donc être exceptionnels tant qu’ils sont normalement prévisibles.
Un risque est grave lorsqu’il peut entraîner une invalidité ou le décès du patient.
Un risque esthétique peut être grave s’il provoque des répercussions psychologiques et sociales.
Un risque est normalement prévisible lorsqu’il découle logiquement des antécédents du patient ou des connaissances de la science médicale au moment des soins.
Arrêt de la Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 15 juin 2004, n° 02-12530
« Attendu que la cour d'appel, se fondant sur les rapports d'expertise, a retenu que si le risque d'allergie à l'antibiotique était connu des praticiens, sa réalisation était, dans le cas de M. X..., imprévisible en raison des examens pré-opératoires et pré-anesthésiques pratiqués et de l'absence d'antécédent allergique ; qu'elle a pu en déduire que M. Y... et Mme Z... n'avaient pas commis de faute en n'informant pas le patient de ce risque ».
Un risque exceptionnel doit être regardé comme « normalement prévisible » lorsqu’il est répertorié comme représentant un cas sur 1000.
Arrêt de la Cour administrative d’appel de Lyon, 23 décembre 2010, n° 09LY01051
« ; qu'il résulte de l'instruction que le risque d'ischémie dont M. C a été victime dans les suites de l'examen coronarographique litigieux, bien qu'exceptionnel, est connu comme représentant un cas sur mille ; qu'il devait ainsi être regardé comme normalement prévisible au sens des dispositions ci-dessus ; que dès lors, contrairement à ce que soutient le centre hospitalier, ce risque entrait dans l'obligation d'information posée par ces mêmes dispositions;
LES CONDITIONS DE VALIDITE DE L’INFORMATION
L’information doit être donnée prioritairement à l’oral, en amont des soins et au cours d’un entretien individuel.
Elle doit être renouvelée à chaque étape de la prise en charge.
Elle doit être donnée dans les quinze (15) jours suivant la découverte d’une complication.
L’information doit être claire et appropriée.
Elle est claire lorsqu’elle est adaptée à la capacité de compréhension du patient.
Elle est appropriée lorsqu’elle est pertinente eu égard à l’état de santé du patient (pathologie & traitements).
L'information peut également être écrite, ce qui simplifie sa preuve.
PREUVE DE LA DELIVRANCE DE L’INFORMATION
La charge de la preuve de la délivrance de l’information pèse sur le Praticien.
En cas de contentieux judiciaire, les juges se fondent sur un faisceau d’indices :
- Le nombre de consultation(s) préalable(s) avec le patient;
- Les interventions déjà subies antérieurement ;
- Le délai de réflexion après remise d’un document écrit tel des fiches techniques ;
- L’attestation de consentement signé ;
- Les schémas réalisés par le médecin lors de l’entretien individuel ;
- Les examens complémentaires prescrits ;
- L’avis d’éventuels consultants extérieurs ;
- Les notes personnelles du Praticien écrites généralement pendant la consultation ou juste après ;
- Les lettres des confrères ;
- Les fiches techniques ;
Les feuilles d’information dites « fiches techniques » fournies par le Praticien doivent contenir des informations détaillées, adaptées à l’état de santé du patient, et être accompagnées d’explications orales de la part du praticien. Elles ne doivent pas être stéréotypées.
Les fiches techniques sont utiles comme « commencement de preuve » pour prouver que le Praticien a rempli son obligation d’information, mais elles ne sont pas suffisantes.
Elles ne peuvent servir de décharge de responsabilité. Il n’est donc pas nécessaire que le Praticien les fasse signer à son patient.
Il est recommandé de les donner à son patient, pour qu’il puisse en discuter avec ses proches.
Une copie doit toutefois être conservée dans le dossier médical avec les schémas et les notes personnelles.
Le Praticien doit toujours laisser un délai de réflexion à son patient avant la réalisation de un acte médical.
LE CONSENTEMENT
Le Praticien doit informer son patient sur son état de santé et sur les soins envisageables afin d’obtenir un consentement libre et éclairé de celui-ci.
Le consentement du patient peut être oral ou écrit.
Toutefois, le consentement est obligatoirement écrit dans certains cas et notamment en cas de recherches biomédicales ou d’examens des caractéristiques génétiques.
Le consentement peut être retiré à tout moment.
Dans tous les cas, le médecin doit respecter la volonté de la personne après l'avoir informée des conséquences de ses choix.
Si la volonté de la personne de refuser ou d'interrompre tout traitement met sa vie en danger, le médecin doit tout mettre en œuvre pour la convaincre d'accepter les soins indispensables.
Dans ce cas, le malade doit réitérer sa décision après un délai raisonnable, laquelle est inscrite dans son dossier médical. Le médecin sauvegarde alors la dignité du mourant et assure la qualité de sa fin de vie en dispensant les soins.
EXCEPTIONS A L’OBLIGATION D’INFORMATION
L’article L. 1111-4 du code de la santé publique dispose qu’« aucune intervention ou investigation ne peut être réalisée, sauf urgence ou impossibilité, sans que la personne de confiance ou la famille, ou à défaut, un de ses proches ait été consulté ».
Le Praticien peut ne pas informer son patient et donc ne pas recueillir son consentement à un acte médical, dans trois cas :
- Refus du patient d’être informé,
- Impossibilité d’informer le patient,
- Urgence à intervenir médicalement,
- L’omission du praticien dans l’intérêt du malade.
1 - Le refus du patient d’être informé
En vertu du respect de la volonté du patient, le Praticien ne peut et ne doit pas informer son patient si celui-ci refuse d’être éclairé sur son état de santé.
Toutefois, s’il existe un risque de transmission/contamination pour les tiers, le Praticien doit en informer son patient et le convaincre d’en informer les tiers éventuellement concernés par ce risque de transmission / contamination.
2 - L’impossibilité du Praticien d’informer
C’est l’hypothèse du Praticien qui doit réaliser un acte de soins mais qui est dans l’impossibilité d’informer et de recueillir le consentement tant, de son patient hors d’état d’exprimer sa volonté que celui de la personne de confiance, de sa famille ou de ses proches, lesquels ne sont pas joignables.
A l’issue de l’acte de soins réalisé par le Praticien, ce dernier doit toutefois informer le patient et/ou à défaut la personne de confiance, la famille ou les proches et ce, dans les meilleurs délais.
3 – L’urgence
Le Praticien doit agir dans l’urgence. Il ne peut donc prendre le temps ni d’informer ni de recueillir le consentement du patient, de la personne de confiance, de la famille ou des proches pour réaliser un acte de soins.
Exemple : Lors d’un accident, si le pronostic vital de la personne est engagé, le Praticien prend en charge son patient sans l’informer des actes à réaliser et des bénéfices et risquent qui en découlent car il y a urgence à soigner.
4 – L’omission du Praticien dans l’intérêt du malade
Avant 2012
L’article R. 4127-35 du code de la santé publique disposait que « dans l'intérêt du malade et pour des raisons légitimes que le Praticien apprécie en conscience, un malade peut être tenu dans l'ignorance d'un diagnostic ou d'un pronostic graves »
Le Praticien pouvait taire un diagnostic grave à son patient s’il estimait qu’il était de son intérêt de lui cacher, notamment s’il savait que le patient, dûment informé, aurait refusé le traitement.
Le Praticien devait toutefois en informer la personne de confiance, la famille ou les proches.
Depuis 2012
Le décret du 7 mai 2012 a mis un terme à cette « appréciation en conscience du Praticien » dans un souci de renforcement du respect de l’obligation d’information.
Désormais, le Praticien ne peut plus décider de tenir son patient dans l’ignorance d’un pronostic ou d’un diagnostic grave.
Il doit l’en informer systématiquement mais avec circonspection.
Toutefois, la volonté du patient étant supérieure, le Praticien devra respecter le choix de son patient qui préfère être tenu dans l’ignorance d’un diagnostic.
Cette évolution réglementaire permet une meilleure protection du patient qui ne risque plus d’apprendre, au détour d’un examen complémentaire, un diagnostic grave par un autre médecin qui n’avait pas connaissance du fait que le patient était tenu dans l’ignorance de ce diagnostic.
LE MINEUR OU LE MAJEUR PROTEGE
L’article L. 1111-2 alinéa 5 du code de la santé publique dispose que « les droits des mineurs ou des majeurs sous tutelle sont exercés par les titulaires de l'autorité parentale ou par le tuteur. Les intéressés ont le droit de recevoir eux-mêmes une information et de participer à la prise de décision les concernant, d'une manière adaptée soit à leur degré de maturité s'agissant des mineurs, soit à leurs facultés de discernement s'agissant des majeurs sous tutelle ».
1 – Le mineur
a – Principe
Lorsque le patient est mineur (- de 18 ans et mineur non émancipé), les décisions sur sa santé sont prises par les personnes titulaires de l’autorité parentale. Il s’agit le plus souvent des parents.
Le Praticien doit toutefois systématiquement rechercher la participation du mineur à la prise de décision, selon sa maturité et son degré de compréhension.
Pour les actes bénins, seul l’un des deux parents peut donner son consentement à la réalisation d’un acte médical.
Pour les actes graves, telle une atteinte à l’intégrité corporelle, l’accord des deux parents est nécessaire.
En cas de conflit entre les parents sur un acte médical grave à réaliser, le Juge aux Affaires Familiales doit être saisi.
Lorsque le refus de soins des parents met en danger la vie de leur enfant mineur, le Praticien peut réaliser l’acte de soins s’il y a urgence et saisir le Procureur de la République afin de dénoncer ces « sévices ».
b - Exceptions à l’information et au recueillement du consentement des titulaires de l’autorité parentale
- Le mineur de plus de 16 ans, en rupture avec ses parents ;
- Le mineur émancipé ;
- L’urgence à soigner ;
- Le refus du mineur d’informer ses parents ;
En cas de refus du mineur d’informer ses parents, le Praticien doit tenter de convaincre son patient de les informer de l’acte qu’il envisage de réaliser.
S’il n’y parvient pas, le Praticien réalise l’acte médical. Le mineur doit toutefois être accompagné de la personne majeure de son choix.
2 – Le majeur protégé
a- Principe
Les décisions concernant le majeur protégé sont prises par le tuteur.
Toutefois, il existe deux types de tutelle.
- La tutelle sur les biens du majeur ;
- La tutelle sur la personne même du majeur ;
Lorsqu’il s’agit d’une tutelle sur les biens, le tuteur n’a aucun pouvoir de décision concernant la santé du majeur protégé qui conserve sa capacité de décision.
Lorsqu’il s’agit d’une tutelle sur la personne même du majeur protégé, seul le tuteur peut prendre des décisions concernant la santé du majeur.
Le Praticien doit dans cette hypothèse systématiquement rechercher la participation du majeur à la prise de décision en s’adaptant à sa capacité de discernement.
Le tuteur peut décider seul des actes de soins bénins à réaliser.
Pour les actes graves, qui portent atteinte à l’intégrité corporelle, le Juge des Tutelles doit donner son accord préalablement à la réalisation de l’acte. La décision du tuteur, seule, ne suffit pas.
b - Exceptions à l’information et au recueillement du consentement du tuteur ou du Juge des Tutelles
- Lorsque le tuteur refuse de faire réaliser un acte de soins mettant ainsi en danger la vie du majeur protégé, le Praticien peut saisir le Procureur de la République pour dénoncer ces « sévices ».
SANCTIONS DU DEFAUT D’INFORMATION
1 – Le préjudice de perte de chance
Outre des sanctions disciplinaires, le Praticien ayant manqué à son obligation d’information peut être poursuivi par le patient devant les juridictions civiles afin d’obtenir réparation de son préjudice de perte de chance.
Ce préjudice est défini comme la perte de chance pour le patient d’avoir pu renoncer à un acte de soins et aux risques qui en découlent, s’il avait été pleinement informé par le Praticien notamment des risques de cet acte.
Le Praticien ne peut pas être sanctionné au titre du préjudice de perte de chance lorsque les soins étaient indispensables (risque de mort en l’absence de soins) et qu’il n’existait aucune alternative thérapeutique.
En effet, dans ce cas, le patient n’aurait pas pu renoncer à un tel acte.
Arrêt de la Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 11 mars 2010, n° 09-11270
« ALORS QUE, d'une part, la violation de l'obligation d'information incombant à tout professionnel de santé n'est sanctionnée qu'autant qu'il en est résulté pour le patient une perte de chance de refuser l'acte médical et d'échapper au risque qui s'est réalisé ; (…) en constatant qu'il était informé du risque de paralysie inhérent à l'exérèse d'une hernie discale et que l'indication opératoire était une réponse thérapeutique adaptée compte tenu du volume impressionnant de la hernie dont il souffrait, relevant ainsi que l'intervention était nécessaire et qu'il n'existait aucune relation causale entre le défaut d'information et le consentement du patient à l'opération envisagée, la cour d'appel a violé l'article L.1111-2 du code de la santé publique (…) ».
Le Praticien ne manque toutefois pas à son obligation d’information lorsque le risque qui se réalise n’est pas prévisible du fait de la dissimulation, par le patient, de son état de santé réel.
En effet, dans cette hypothèse, le Praticien est empêché de remplir correctement son obligation d’information.
2 – Le préjudice moral d’impréparation
Depuis une évolution jurisprudentielle de 2010, la violation de l’obligation d’information par le Praticien peut également être sanctionnée au titre du préjudice moral d’impréparation.
Ce préjudice correspond à l’impossibilité pour le patient de se préparer techniquement et psychologiquement à la survenue d’une complication liée à un acte médical.
Dès lors, même en l’absence de perte de chance, le manquement à l’obligation d’information peut être indemnisé.
Eu égard à la Jurisprudence actuelle, le préjudice moral d’impréparation semble pouvoir être réparé cumulativement avec le préjudice de perte de chance.
a-Dans le secteur privé
La Cour de cassation considère désormais que le manquement du Praticien à son obligation d’information viole le principe de la dignité humaine et qu’en conséquence, le patient qui en est victime subit un préjudice moral autonome d’impréparation.
La Cour de cassation ne subordonne pas la réparation de ce préjudice moral à la réalisation effective d’une complication. Le seul fait de ne pas informer le patient suffit à lui causer un préjudice.
Arrêt de la Cour de cassation, 1ère Chambre civile, 3 juin 2010, n° 09-13591
« ALORS QUE : l'obligation du médecin d'informer son patient avant de porter atteinte à son corps est fondée sur la sauvegarde de la dignité humaine ; que le médecin qui manque à cette obligation fondamentale cause nécessairement un préjudice à son patient, fût-il uniquement moral, que le juge ne peut laisser sans indemnisation; qu'en décidant au contraire que Monsieur X... n'aurait perdu aucune chance d'éviter le risque qui s'est réalisé et auquel le docteur Y... l'a exposé sans l'en informer, la cour d'appel a violé les articles 16-1, 16-2 et 1147 du Code civil ».
b-Dans le secteur public
Le Conseil d’Etat a également reconnu le préjudice moral autonome d’impréparation, en cas de manquement du Praticien à son obligation d’information.
Toutefois, contrairement à la Cour de cassation, celui-ci refuse d’indemniser le patient lorsque le risque ne s’est pas réalisé.
Arrêt du Conseil d’Etat, 10 octobre 2012, n° 350426
« Considérant qu'indépendamment de la perte d'une chance de refuser l'intervention, le manquement des médecins à leur obligation d'informer le patient des risques courus ouvre pour l'intéressé, lorsque ces risques se réalisent, le droit d'obtenir réparation des troubles qu'il a pu subir du fait qu'il n'a pas pu se préparer à cette éventualité, notamment en prenant certaines dispositions personnelles ; (…) que, contrairement à ce qu'il soutient, la cour administrative d'appel n'a pas commis d'erreur de droit en ne déduisant pas de la seule circonstance que son droit d'être informé des risques de l'intervention avait été méconnu, l'existence d'un préjudice lui ouvrant droit à réparation »
CONCLUSION
Compte tenu de l’évolution jurisprudentielle de plus en plus favorable aux patients, il est indispensable pour le Praticien de respecter son obligation d’information dans toute son étendue.
Lorsqu’un risque survient, le Praticien doit rester ouvert vis-à-vis de son patient.
Le patient doit se sentir compris, soutenu et écouté. Dans le cas contraire, le risque de contentieux s’accroît.
En cas de réclamation/contestation du patient, il est indispensable que le Praticien reconnaisse les « faits ». Il ne doit toutefois jamais reconnaître une « faute », synonyme de responsabilité.
Il doit également contacter immédiatement son assureur qui se chargera de sa défense en mandatant des avocats.